Errance... [ Pv Yuki ♫ ]

Ce matin, lorsque la lumière avait traversé la fenêtre de Yuzuyu, la tirant de ses songes, celle-ci s'était dit que cette journée serait une belle journée. Cependant, la lumière cessa presque immédiatement, suivie d'un grondement sourd. Elle grimaça ; le ciel était en colère, il se fâchait et pleurait, comme un enfant à qui l'ont aurait refusé quelque chose. Elle resta donc quelques instants, à fixer silencieusement le plafond, blanc et froid de sa chambre. A côté d'elle, le lit était tristement vide. Les draps, pliés dessus depuis quelques jours, n'avaient jamais été défaits. Les murs étaient bleus clairs, vides, sans aucun cadre ni photo. Si Yuzuyu n'avait pas posé sa valise quelque part ainsi que ses affaires de cours sur le bureau, personne n'aurait cru que cette chambre était habitée. Bref.

Ce n'est pas le mauvais temps qui empêcha Yuzuyu de se lever. La jeune fille prit sa douche en vitesse (je vous passe les détails du récurage, hein), s'habilla d'un jean noir et d'un long maillot trop grand bleu pâle, laissa ses cheveux blancs comme neige reposer sur ses épaules, et sortit de sa chambre. Les couloirs étaient déserts et sombres, comme si les nuages noirs avaient enveloppé le soleil de leur noirceur. Elle déambulait dans les couloirs du pensionnat tel un somnambule qui ne voit pas où est-ce qu'il va.

Arrivée dans les escaliers, à cause du noir régnant dans les couloirs, elle se cogna contre quelqu'un, finissant assise par terre.

Une voix, une main, deux bras, et la revoilà debout. A en juger par le timbre grave et la prise de main à la fois douce et ferme, elle en conclut qu'elle avait affaire à un homme. Dans le noir, elle ne parvenait pas à distinguer autre chose qu'une mince silhouette. Il était grand, comparé à elle. C'est tout ce qu'elle parvenait à voir. Dans l'obscurité, même les cheveux du garçon étaient difficile à discerner. Un éclair, un temps d'illumination, qui ne dura qu'une seconde. Elle put apercevoir, en noir et blanc, tout le jeune homme. Il était grand, comme prévu, mince, aux cheveux foncés, et, peut-être était-ce à cause de la luminosité de l'éclair, mais il paraissait aussi blanc qu'un linge. Il avait aussi, dans son dos, un énorme instrument qu'elle n'avait pas réussi à identifier. Elle se rendit compte, quelques instants plus tard, qu'elle ne lui avait pas répondu. Elle était tellement plongée dans sa contemplation qu'elle en avait oublié qu'elle avait des cordes vocales.


Elle baissa les yeux vers le sol, confuse, même si lever la tête ou la baisser ne servait à rien puisqu'il ne la voyait pas. Il était dans ses habitudes de fille discrète de vouvoyer les personnes qu'elle rencontrait. Peut-être que cela le gênerait, peut-être pas. En fait, elle devait s'avouer soulagée de se trouver dans le noir. Dans le noir, on sent les regards, mais les regards ne peuvent pas lire en vous, tout comme ils ne peuvent pas vous juger.

Elle se baissa pour ramasser, à tâtons, ses affaires qu'elle avait éparpillées un peu partout. Ses mains rencontrèrent les pieds, enfin les chaussures de son interlocuteur quelques fois avant de trouver le pauvre petit cahier et le pauvre petit stylo qu'elle avait fait tomber. Le noir, ça a quelques inconvénients.